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woxx | 24 04 2015 | Nr 1316
REGARDS 9
No Food this Year - mais l’année 2016 sera celle de la revanche.
culteurs des environs pour le sortir de là », raconte Heindrichs, une semaine après l’abandon, sur une terrasse d’un café de la capitale récemment convertie au printemps.
Mais l’édition 2014 fut en revanche un franc succès, pas uniquement du point de vue météorologique, mais aussi en fréquentation, ce qui a mo- tivé les troupes pour la dure tâche de trouver un nouveau site. Un site qu’ils veulent durable, non seulement pour y organiser ces trois journées de fo- lie en musique, mais aussi qui reste fréquentable tout au long de l’année : « Notre rêve ce serait une Sens’ Area - la partie du site dédiée aux arts plas- tiques et à la récréation - permanente. Une aire de jeux naturelle où on pour- rait organiser de petits événements tout au long de l’année », explique-t- il. Ce qui veut dire que l’idée derrière le festival devrait encore grandir pour devenir une institution quasi perma- nente – d’autant que, de toute façon, les organisateurs mettent sur pied des concerts de teasing dans différents lieux en amont du festival.
Le cauchemar vécu par l’équipe dirigeante du Food for Your Senses a pourtant commencé sous de bons auspices : « Après notre premier appel fin 2014, on a eu beaucoup de retours. Que ce soient des personnes privées qui nous disaient connaître untel qui
a un grand terrain, des agriculteurs qui nous ont contactés spontanément ou des communes, tout y était. » Que ça n’ait pas marché est dû à plusieurs raisons : d’abord le travail en béné- volat qui ne permettait pas de suivre plusieurs pistes en même temps. Ce qui les condamnait à recommencer à zéro chaque fois qu’un site tombait à l’eau. Et puis, vu que les personnes impliquées dans la recherche du site le faisaient à côté de leur travail régu- lier, ils n’avançaient pas très vite.
Non-assistance à festival en danger
S’y ajoutent les raisons pour les- quelles les sites les plus prometteurs ont éclaté comme des bulles de sa- von : « Ce furent toujours des argu- ments de ‘pseudo’-environnementa- lisme qui ont été mis en avant. Que ce soient des oiseaux migrateurs, des mouches rares, des chauves-souris - à chaque fois c’était à nous de démon- trer, en payant une expertise à un coût exorbitant qui dépassait de loin notre budget, que notre festival n’endom- magerait pas durablement la nature. Il ne faut pas s’y méprendre : nous sommes très conscients de la nature et nous souhaitons organiser un fes- tival aussi écologique que possible. Mais il y a aussi des limites. Et quand
je vois tous les projets d’autoroutes qui rasent des bois entiers, toutes ces nouvelles infrastructures qui sont en construction, je me dis que les bâtons qu’on nous a mis dans les roues sont tout simplement hors de toute propor- tion rationnelle. » Ce furent aussi des expériences frustrantes avec les com- munes qui les ont finalement menés à accuser le ministère de la Culture et celui de l’Environnement de « non- assistance à festival en danger ». « Nous avons eu affaire à des gens formidables et très motivés pour nous accueillir. Mais, à chaque fois qu’on était proches de la finalisation, un pe- tit détail nous a forcés de recommen- cer à nouveau. Entre-temps, le minis- tère a rétorqué que ce n’était pas sa tâche de nous trouver un site. Mais ce n’est pas ce que nous avons deman- dé ! C’est notre boulot de trouver un site, mais le ministère aurait pu in- tervenir au niveau communal pour au moins accélérer les choses. Même après notre deuxième appel à l’aide, après des courriels, coups de télé- phone et autres interventions auprès des officiels, ils n’ont pas bougé d’un iota. Et c’est ça que nous leur repro- chons, de ne pas avoir même tenté de nous aider », explique Heindrichs.
Et si on y ajoute que le budget du festival dépasse entre-temps les 400.000 euros et que la part du mi-
nistère est de quelque 12.000 euros, on ne peut pas dire que le gouver- nement soit vraiment d’une grande aide. Mais, de toute façon, un vrai lobby culturel n’existe ni au gouver- nement, ni au parlement. C’est pour- quoi, d’après nos informations, le dé- puté Déi Lénk Justin Turpel serait en train de préparer une initiative afin de faire bouger les choses - ou du moins de secouer les lignes. Et le Food for Your Senses a - en attendant les évé- nements de remplacement qui auront lieu aux dates du festival - tout son temps pour préparer l’édition 2016. Une édition qui se tiendra aussi pour donner tort à une politique culturelle qui n’a d’yeux que pour la rentabili- sation, la privatisation et la libérali- sation de la culture, ce que le minis- tère a encore une fois magistralement démontré. Une démonstration, tout de même, dont on aurait bien pu se passer.
Les événements à venir en marge du festival sont à suivre sur www.ffys.eu
PHOTO : aNDY STRaUSS